Carnet de route

Tour de l'Ossau

Le 11/07/2023 par Rovira Marcel

Sortie « Tour du Pic d’Ossau » du 27 au 29 Juin 2023

Organisée par Philippe Cayre.

Compte rendu rédigé par Chat J’y Étais

« Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

   Luxe, calme et volupté. »

L’invitation au voyage, Charles Baudelaire.

« Ils tètent la douleur comme ils tétaient le rêve

   Et quand ils vont rythmant des pleurs voluptueux

   Le peuple s’agenouille et leur mère se lève… »

Le Guignon, Stéphane Mallarmé.

Préambule : quand Philippe dit que c’est du physique 4, il faut le croire !

Pourquoi faire le tour du Pic de l’Ossau ? Des montagnards, et non des moindres ont répondu « Parce qu’il est là » mais doit-on en rester là ? Faire le tour de quelque chose, faire le tour de la question, faire un tour de magie ou de cochon, un tour de passepasse, un tour pour rien, un tour de manège, que sais-je encore, un tour sur soi, tout ceci ne ferme pas la question. Faire le tour du Pic de l’Ossau s’apparente peut-être à un cérémonial, un pèlerinage, une procession, comme le tour d’un totem, un château à prendre, un souhait à réaliser, on s’y perd et la question toujours restera ouverte, pour que d’autres après nous, s’y frottent et perpétuent la tradition, comme autour des menhirs dont nous avons pourtant perdu l’usage.

En fait l’Ossau est une leçon pour nous, l’Ossau est une dent plantée dans la gencive des Pyrénées pour lui dire « Jeune Pyrénées, vous usurpâtes mon domaine, mais en vain, car vieux volcan, là je suis, et vous nargue pour longtemps encore, j’espère. »

L’Ossau, dit aussi « Le Jean-Pierre », le Pic, l’éperon, est par défi un symbole phallique, si habituellement masculin, mais en y jetant un autre regard, plus doux, plus attentif, l’heure après la course, quand tout se calme, à la fois dans le paysage, nos corps, nos esprits et nos âmes, alors l’Ossau est une Dame, qui dans ses voiles, au bord du lac se mirant, pudiquement prépare sa toilette, c’est la Vénus de Botticelli sortant de l’onde, habillée d’ombre et de reflets  rougeoyants, rappelant des amours, les douceurs de l’apaisement et les âpretés des surgissements.

Le tour de l’Ossau c’est une chronique, nous étions six, depuis les hauts de Urdos le premier jour, nous nous sommes hissés au col d’Ayous, puis au sommet du Pic d’Ayous, puisqu’il était là, puis certains encore sont allés au Pic les Arougos, je crois, puis descente depuis le col au refuge d’Ayous, bien tenu par des dames, tout y étant propret et avenant.

Le deuxième jour fut un long périple, dans la chaleur du Niño, à la mode désormais, remontée au col d’Ayous depuis le refuge, puis col d’Aas, puis après une longue marche, pause au lac de Bious Artigues où, derrière la buvette existe une source qui fut la bienvenue. Puis l’aventure continuant, après avoir atteint le col de Lavigne, nous voilà à l’assaut du Pic de Lavigne pour un petit parcours avec les mains, seul l’un d’entre nous s’y étant risqué jusqu’à son sommet pour quelques mètres seulement, mais quand même. Puis depuis le col, parcours des crêtes de Lavigne Chérue, Pic de Chérue, col de Suzon où ayant atteint ma limite, un généreux porteur a pris en charge mon sac. Nous sommes arrivés au refuge de Pombie, certes l’âme légère mais pour ma part, les jambes plombées. Une journée à 1600m de dénivelé positif cumulé, et 22Km, le Tour de l’Ossau, c’est sûr, ça se mérite.

À Pombie, bonne table et mets parfumés, compensent la rusticité du site.

Le lendemain, traversée du Pic Peyreget en passant par son sommet, puis retour au refuge d’Ayous, par le lac de Castéreau et le lac Berseau, remontée au col d’Ayous et descente jusqu’au minibus. En passant nous avons à plusieurs reprises, rencontrés, au refuge de Larry et aussi ailleurs, ceux qui semblent nouveaux dans nos montagnes, de très beaux cochons roses, bien portants, propres, en liberté, satisfaits de leur sort, tels les compagnons d’Ulysse changés en cochons par la magicienne Circé.

Dans cette Odyssée, peut-être l’avons-nous échappé belle, qui sait ?

Voilà, voilà, nous aussi, comme Ulysse, nous avons fait un beau voyage et aussi sommes revenus à nos Ithaques respectives.

À plus sur de nouvelles pentes.